Documentation
Afin de vous accompagner dans la conduite de vos colonies et l'utilisation de mes produits d'élevage, retrouvez ici quelques conseils. Réussir l'introduction de ses reines fécondées ou de ses cellules royales, constituer des essaims artificiels, appliquer une stratégie de gestion du varroa efficace... Cette section est vouée à s'enrichir avec le temps. N'hésitez-pas à me faire part de vos besoins et envies !
Réussir l’introduction de vos reines fécondées
Une reine fécondée est une reine d’abeille mâture et déjà en ponte. Après émergence, elle a procédé à plusieurs vols de fécondation, s’accouplant avec une douzaine de mâles. Sa spermathèque remplie de plusieurs millions de spermatozoïdes, elle n’aura plus besoin de s’accoupler et sera en mesure de pondre pendant les 4 à 5 années que durera sa vie.
Dans plusieurs cas l’apiculteur peut être amené à introduire une reine fécondée dans une colonie :
- Améliorer la génétique d’une colonie,
- Remplacer une reine vieillissante,
- Constituer une nouvelle colonie par la formation d’un essaim artificiel…
Par rapport à d’autres méthodes de remérage, introduire une reine fécondée présente des avantages et des inconvénients :
Les plus !
❶ Évite une rupture trop longue du couvain, ce qui permet un développement rapide de l’essaim.
❷ Grandes chances de réussite comparé à l’introduction d’une cellule royale ou d’une reine vierge car évite les échecs potentiels lors de l’élevage, l’émergence et la fécondation.
❸ Permet une meilleure maîtrise de la génétique de son cheptel.
Les moins !
❶ Plus onéreux que l’introduction d’une cellule royale ou d’une reine vierge.
❷ N’offre pas de rupture de couvain permettant un traitement anti-varroa à base d’acide oxalique.
Varroa est actuellement la principale cause de mortalité des abeilles. Quel que soit la technique utilisée pour le remérage, un traitement varroa efficace en fin de saison est indispensable pour la survie de vos colonies. Pour plus d’informations, référez-vous à mes autres fiches techniques
Les conditions de la réussite
Afin d’introduire une nouvelle reine dans une colonie d’abeilles, certains principes sont indispensables à respecter. La colonie d’accueil doit être orpheline et peu stressée (bien nourrie, pas de pillage...). La reine à introduire doit être mature et bien en ponte. La maturité de la reine et la qualité de sa ponte sont vérifiées par l’éleveur qui vous la vend. Selon Rhodes et al. (2004), la réussite de l’introduction d’une reine est directement corrélée à son age. On observe un maximum de 90 % de réussite à l’introduction pour des reines âgées de 28 jours.
D’autres éléments non-indispensables permettent d’augmenter les chances de réussite. Une introduction réussi toujours mieux dans une petite colonie (ex : essaim sur 2 ou 3 cadres), avec des abeilles peu agressives. Si les abeilles n’ont plus la possibilité d’élever une nouvelle reines, celle que vous introduisez sera mieux acceptée.
Tout en respectant ces grands principes, de nombreuses techniques existent. Je vous fait part ici des deux méthodes que je pratique et qui donnent de bons résultats avec une mise en œuvre relativement simple.
Introduction de base
Les reines sont expédiées dans une cagette contenant un morceau de candi et des accompagnatrices. Orphelinez la ruche ou l’essaim qui recevra la nouvelle reine 24h avant son introduction. Le jour J, retirez la languette de protection de la cagette ❶ et placez la entre deux têtes de cadres au centre de la grappe d’abeilles ❷. Si le candi a séché au transport, transpercez-le de part en part avec une allumette et humidifiez-le en le trempant dans de l'eau.
❶
❷
Visitez la colonie 8 jours plus tard afin de vérifier la reprise de ponte de la reine. Dans la majorité des cas, vous observerez votre reine, ainsi que des œufs et des larves dans le fond des cellules. L’acceptation a alors réussi. Dans de rares cas, vous pouvez observer des cellules royales en présence de la reine en ponte. Votre reine n’est alors pas complètement acceptée et les abeilles tentent de la remplacer. Détruisez les cellules royales et vérifiez à nouveau 8 jours plus tard si les abeilles cherchent à ré-élever. Si vous observez des cellules royales mais ni œufs ni reine, c’est que votre reine n’a pas été acceptée ou est morte dans l’opération. Libre à vous de laisser la colonie se remérer naturellement en ne laissant qu’une ou deux cellules royales, ou d’introduire une nouvelle reine après destruction des cellules royales.
ATTENTION, La réussite d’une introduction n’est jamais garantie à 100 %. En suivant les recommandations pré-citées, vous devriez obtenir des taux d’acceptation très satisfaisant.
Acceptation forcée
Cette technique vise à priver les abeilles de la possibilité d’élever une nouvelle reine afin de les forcer à accepter celle que vous introduisez. Pour cela, orphelinez la ruche ou l’essaim qui recevra la nouvelle reine 8 jours avant son introduction. Le jour de l’introduction, détruisez l’ensemble des cellules royales. Attention à ne pas en oublier, même une seule. Introduisez ensuite la cagette comme expliqué précédemment.
Mise en garde !
Cette méthodes permet de maximiser les chances d’acceptation. Cependant, lorsque vous commandez des reines à un éleveur, il se peut que l’expédition soit retardée pour des raisons indépendantes de sa volonté (mauvaise météo, échec sur les fécondations…). Si c’est le cas, la colonie que vous avez orpheliné peut patienter plus que 8 jours. Pensez tout de même à détruire les cellules royales afin d’éviter que la colonie ne se remère spontanément.
Attention, ne laissez jamais votre colonie orpheline plus d’une vingtaine de jours. En effet, à partir de 25 jours d’orphelinage, des ouvrières pondeuses peuvent apparaître dans votre colonie et risquent de rendre impossible l’acceptation de votre reine. Dans le cas où vous devez patienter plus longtemps et afin de ne pas perdre les abeilles de la colonie orpheline, vous pouvez la fusionner avec une autres colonie dotée d’une reine. Vous pourrez toujours constituer un nouvel essaim le moment venu. Dans tous les cas, votre éleveur vous tiendra toujours informé d’un éventuel retard de livraison et de la date prévue d’expédition afin que vous puissiez réagir à temps.
Réussir l’introduction de vos cellules royales
C’est dans la cellule royale que les abeilles élèvent la future reine à partir d’une larve de 1 jour. Génétiquement, une ouvrière et une reine sont identiques. C’est l’alimentation au stade larvaire, plus abondante et uniquement composée de gelée royale pour la reine, qui va amener à une différenciation morphologique et au développement de l’appareil reproducteur. Le cycle de développement d’un œuf jusqu’à l’émergence d’une reine dure 16 jours.
Pour produire des cellules royales, l’apiculteur « greffe » des larves de 1 jour d’une colonie souche pour les mettre en élevage dans une ruche éleveuse. La souche possède des caractéristiques que l’on souhaite reproduire. Elle est souvent issue d’un programme de sélection et parfois d’une insémination artificielle. La ruche éleveuse va prendre en charge les larves pour en faire des reines dans des cellules royales. Dans la gestion du calendrier d’élevage, le jour du greffage est appelé J0.
La différence entre une J3 et une J10 :
- La J3 est une cellule royale introduite 3 jours après le greffage. La future reine est alors au stade larvaire et la cellule n’est pas operculée.
- La J10 est une cellule royale introduite 10 jours après le greffage. La future reine est alors à la fin de son stade nymphal, prête à naître, dans une cellule operculée.
Dans plusieurs cas l’apiculteur peut avoir à utiliser des cellules royales :
- Constituer une nouvelle colonie par la formation d’un essaim artificiel,
- Produire des reines fécondées dans le but de renouveler son cheptel,
- Remérer des colonies dans le cadre de la lutte contre varroa...
Par rapport à d’autres méthodes de remérage, introduire une cellule royale dans un essaim orphelin présente des avantages et des inconvénients :
J3
Les plus !
❶ Permet une meilleure maîtrise de la génétique qu’un remérage naturel.
❷ Offre un arrêt de couvain permettant un traitement contre varroa à base d’acide oxalique.
❸ L’acceptation de la reine est quasi-garantie car elle aura été élevée quasi-entièrement par la colonie d’accueil.
❹ Solution la plus économique
Les moins !
❶ Cycle de remérage long amenant à une diminution de la population de la colonie.
❷ Échecs possibles liés aux aléas lors de l’élevage de la reine et de sa fécondation.
❸ Non-maîtrise des fécondations et donc de la génétique par voie mâle.
J10
❶ Raccourcis le cycle de remérage par rapport à une J3.
❷ Offre une meilleure acceptation que l’introduction d’une reine mature car la reine va naître dans la colonie d’accueil.
❶ Ne permet pas un véritable arrêt de couvain pour le traitement contre varroa.
❷ Non-maîtrise des fécondations et donc de la génétique par voie mâle.
Varroa est actuellement la principale cause de mortalité des abeilles. Quel que soit la technique utilisée pour le remérage, un traitement varroa efficace en fin de saison est indispensable pour la survie de vos colonies. Pour plus d’informations, référez-vous à mes autres fiches techniques
Les conditions de la réussite
Afin d’introduire une cellule royale dans un essaim, certains principes sont indispensables à respecter. La colonie d’accueil doit être orpheline et peu stressée (bien nourrie, pas de pillage...). La cellule royale ne doit pas avoir subis de traumatisme particulier (chocs, exposition au sec, au froid, au chaud).
Bon à savoir : Une cellule J3 sera particulièrement sensible au dessèchement, assez peu au froid et aux chocs (temps que le choc n’éjecte pas la larve de la cellule). En revanche, une cellule J10 sera surtout sensible au froid et aux chocs.
Dans les deux cas, les meilleures conditions de transport se feront en calant bien les cellules dans une boite en atmosphère humide (ex : linge imprégné d’eau) et à température constante entre 25 et 35 °C (ex : bouteilles d’eau chaude dans le fond de la boite). Les cellules peuvent ainsi voyager environ une heure jusqu’à introduction..
Introduire une cellule dans une petite colonie (essaim sur 2 ou 3 cadres) a plus de chance de réussir que dans une plus grosse.
Tout en respectant ces grands principes, de nombreuses techniques existent. Je vous fait part ici d’une méthode qui donne des résultats satisfaisant avec une mise en œuvre relativement simple
ATTENTION, La réussite d’un remérage n’est jamais garantie à 100 %. En suivant ces recommandations, vous devriez obtenir des résultats satisfaisants.
Orphelinez la ruche ou l’essaim qui recevra la cellule royale 24h avant son introduction. Le jour J, entaillez l’un des cadres à l’aide de votre lève-cadre. L’entaille doit se situer au milieu de la grappe d’abeilles, proche de la tête du cadre, à la jonction entre le couvain et les réserves. Elle est pratiquée en arrachant la cire jusqu’à la feuille de cire séparant les deux faces du cadre. Plantez le support de la cellule dans l’entaille, cellule vers le bas, en prenant soin de ne pas l’endommager. Replacez le cadre au centre de la grappe.
Cas d’une cellule J3
Les abeilles vont prendre en charge la cellule royale, finir de nourrir la larve et procéder à l’operculation. En parallèle, elles vont élever d’autres reines à partir des larves présentes dans la colonie. Celles-ci ont peu de chance d’émerger car votre cellule a 3 jours d’avance. Votre reine naîtra donc en premier et tuera les autres reines dans leur cellule.
Petite astuce ! Si vous faites plusieurs essaims, doublez les cellules introduites dans un essaim sur cinq, vous aurez alors des cellules excédentaires au moment de la vérification pour remplacer celles qui pourraient ne pas avoir été prises en charge.
Revenez 7 jours plus tard vérifier précautionneusement que votre cellule a bien été prise en charge et est operculée. Si ce n’est pas le cas mais que les abeilles ont élevé d’autres cellules royales, vous pouvez en laisser 2 après destruction des autres et compter sur un remérage naturel ; vous n’aurez alors pas de prise sur la génétique mais avez de bonnes chances que la colonie se remère d’elle-même. Sinon, vous pouvez détruire l’ensemble des cellules présentes et introduire une nouvelle cellule, de préférence une J10 pour ne pas avoir une rupture de couvain trop longue.
30 à 35 jours après l’introduction, vérifiez l’homogénéité du couvain de la nouvelle reine. Vous pouvez alors la marquer et éventuellement la clipper.
Cas d’une cellule J10
Mirez la cellule avant de l’introduire : en la manipulant avec précaution, placez la cellule entre vous et une source de lumière et faites la osciller doucement ; vous devriez voir et sentir un objet dure à l’intérieur qui bouge avec les oscillations, c’est votre future reine.
Revenez 4 ou 5 jours après l’introduction vérifier que la reine est bien naît. Le bout de la cellule doit être découpé de façon parfaitement circulaire. Si la cellule a été rongée sur le côté, c’est qu’elle n’a pas été acceptée ; vérifiez alors que votre essaim est bien orphelin et introduisez une nouvelle cellule ou une reine fécondée.
23 à 28 jours après l’introduction de la cellule J10, vérifiez l’homogénéité du couvain de la nouvelle reine. Vous pouvez alors la marquer et éventuellement la clipper.
Développer son cheptel via l’essaimage artificiel
Un essaim artificiel est une petite colonie d’abeilles constituée artificiellement par l’apiculteur a partir d’une ou plusieurs colonies. Il peut prendre la forme d’un essaim nu, c’est-à-dire une masse d’abeilles avec une reine fécondée ; ou d’un essaim sur cadres, c’est-à-dire une masse d’abeilles, une reine fécondée ainsi que des cadres de couvain et de provisions. Dans les deux cas, l’essaim artificiel a vocation à être installé dans une ruche où il pourra se développer.
Constituer un essaim artificiel répond à deux objectifs principaux pour l’apiculteur :
- Prévenir l’essaimage des colonies dans lesquels on prélève les abeilles,
- Développer le cheptel ou compenser les pertes en augmentant le nombre de colonies.
La constitution d’essaims artificiels peut également servir dans le cadre de la lutte contre varroa via le retrait de couvain, permettant un traitement de fin de saison à base d’acide oxalique.
Principes de base
Pour constituer un essaim artificiel, la première étape consistera à prélever une masse d’abeilles orphelines dans une colonie mère. Ensuite, il s’agira de la doter d’une reine afin d’en faire une petite colonie opérationnelle.
Pour cela, de nombreuses techniques existent :
- Pour réaliser un essaim nu, on procédera à la création d’un paquet d’abeilles dans lequel on introduira une reine fécondée.
- Pour réaliser un essaim sur cadres, on prélèvera dans une ruche des cadres de couvain avec leurs abeilles, qu’on remérera ensuite par l’introduction d’une reine fécondée, d’une reine vierge ou d’une cellule royale J3 ou J10 selon ses objectifs.
Dans la suite de cette fiche technique, nous nous concentrerons sur la création d’essaims sur cadres. Ci-dessous, je vous présente deux stratégies possibles, qui seront détaillées ensuite. Des compromis entre les deux stratégies sont toujours possibles en fonction de vos objectifs.
Stratégie 1 : Prévenir l’essaimage
Objectifs : Réguler l’essaimage sur des colonies de production. Ne pas mettre en péril la production de miel. Renouveler sont cheptel sans chercher à le développer.
Choix techniques :
❶ Constituer des essaims au printemps lors des grosses miellées.
❷ Ne prélever que sur les colonies les plus fortes à risque d’essaimage.
❸ Prélever surtout du couvain operculé.
❹ Ne prélever que 1 à 2 cadre par colonie.
❺ Constituer des essaims sur 4 à 5 cadres.
❻ Remérer par introduction de reines fécondées.
Résultat espéré : Cheptel multiplié par 1,5 à 2. Production de miel l’année de la division.
Stratégie 2 : Développer rapidement son cheptel
Objectifs : Obtenir un grand nombre de colonies rapidement, quitte à ne produire du miel que l’année suivante.
Choix techniques :
❶ Constituer un premier lot d’essaims au printemps et un deuxième en fin de saison.
❷ Toutes les colonies en bonne forme sanitaire peuvent être prélevées.
❸ Tout cadre occupé par les abeilles peut être prélevé.
❹ Laisser les colonies d’origine sur 2 ou 3 cadres au printemps, 4 ou 5 cadres fin de saison. Prélever tous les autres cadres disponibles.
❺ Constituer des essaims sur 2 ou 3 cadres au printemps, 4 ou 5 fin de saison.
❻ Remérage au choix. Privilégier remérage J3 fin de saison pour traiter contre varroa. Accompagner les essaims avec un nourrissement.
Résultat espéré : Cheptel multiplié par 3 à 6. Production de miel reportée à l’année suivante.
❶ A quel moment créer un essaim artificiel ?
Tout dépendra de vos objectifs ! Techniquement, un essaim artificiel peut se faire tout au long de la saison, soit d’avril à août sous nos latitudes.
Petite astuce ! Divisez toutes vos ruches en fin de saison, après la dernière miellée (ex : châtaignier ou tournesol), est une façon efficace de développer votre cheptel sans mettre en péril votre production de l’année.
Si vous souhaitez réguler l’essaimage sur vos colonies de production (stratégie 1), l’idéal sera d’intervenir au printemps lors des fortes miellées. Pour que cela soit efficace, il faudra intervenir avant le déclenchement de la fièvre d’essaimage pour « casser » la dynamique de la colonie.
Si votre objectif est avant tout de multiplier votre cheptel (stratégie 2), cela peut se faire à n’importe quel moment si les colonies sont suffisamment développées.
Dans tous les cas, il est préférable d’intervenir en journée lors d’une météo clémente, quand la majorité des butineuses sont de sortie.
❷ Sur quelles colonies prélever les cadres de couvain ?
Choisissez en priorité les colonies les plus fortes. En effet, c’est souvent celles qui sont le plus à risque d’essaimage. De plus, elles seront moins impactées par le prélèvement d’abeilles et de couvains.
❸ Quels cadres prélever ?
Les cadres prélevés doivent être en bon état sanitaire et indemnes de maladies (couvain homogène, pas de traces de loque ou de maladies à virus).
Votre objectif est que l’essaim constitué soit le plus autonome possible dans son future développement. Pour cela il aura besoin de jeunes abeilles et de nourriture. Choisissez donc des cadres présentant une belle surface de couvain operculé ainsi qu’une couronne de provisions conséquente (pollen et miel). Prélevez au besoin des cadres de provisions supplémentaires.
Trop peu de provisions pourrait amener à une famine de l’essaim. Trop peu de couvain engendrerai un trou de population retardant son développement. On considère qu’un bon ratio se trouve autour de 2/3 de couvain pour 1/3 de provisions, à adapter en fonction des rentrées de nectar prévues dans les semaines suivantes.
Les cadres seront prélevés avec leurs abeilles. C’est le fait de soustraire à la colonie du couvain et des abeilles qui retardera la fièvre d’essaimage.
Il est primordiale de ne pas prélever la reine. Assurez vous de bien l’avoir identifiée avant l’opération et de la laisser dans la colonie d’origine. Des reines marquées sont plus faciles à trouver et à identifier.
❹ Combien de cadres prélever ?
Ici aussi, tout dépendra de vos objectifs !
Si l’objectif est de prévenir l’essaimage au printemps sans mettre en péril votre récolte (stratégie 1), prélever 1 ou 2 cadres de couvain sur une colonie de 8 à 10 cadres sera généralement suffisant, dans la mesure où vous intervenez avant la fièvre d’essaimage. Les cadres prélevés seront remplacés par des cadres à bâtir. Si vous intervenez alors que la fièvre d’essaimage est déjà enclenchée et que vous souhaitez la stopper, il faudra prélever plus de cadres (2 ou 3) et détruire l’ensemble des cellules royales.
Si votre objectif est de multiplier rapidement votre cheptel sans produire de miel (stratégie 2), vous pouvez ne laisser la reine d’origine que sur 2-3 cadres et prélever tous les autres. Attention tout de même à conserver le bon ratio couvain/provisions dans la colonie d’origine. Si vous procédez ainsi au printemps, les colonies prélevées auront le temps de se re-développer pour être prêtes à hiverner sur 4 à 6 cadres en fin de saison. Si elles se sont bien re-développées, elles pourront être prélevées une seconde fois pour faire des essaims de fin de saison.
Pour des essaims de fin de saison, gardez en tête que vos colonies auront moins de temps pour se remettre du prélèvement d’abeilles avant l’hiver. Il sera alors préférable de les laisser sur 4 à 5 cadres au minimum.
❺ Comment constituer l’essaim artificiel avec les cadres prélevés ?
Répartissez les cadres prélevés avec leurs abeilles dans des ruchettes ou des ruches partitionnées. Vous pouvez alors mélanger les cadres provenant de plusieurs colonies sans problème. Pensez simplement à conserver à-peu-près le ratio de 2/3 de couvain pour 1/3 de provisions, en gardant le couvain au centre et les provisions en périphérie.
Selon vos objectifs, vous pourrez constituer vos essaims artificiels avec 2, 3, 4 ou 5 cadres d’abeilles. Il n’y a pas de règle absolue quant à la taille des essaims à constituer. Gardez simplement en tête que plus vos essaims seront petits, plus ils mettront de temps à se développer mais plus vous pourrez en faire en grande quantité. De plus, des petits essaims seront moins autonomes et auront besoin d’un suivi plus régulier en terme de nourrissement. Adaptez donc la taille des essaims en fonction de vos objectifs et de la période à laquelle vous les faites.
Dans une logique de développement de cheptel poussée à l’extrême, il est théoriquement possible de réaliser des essaims sur 1 cadre. Il est important pour cela de s’y prendre suffisamment tôt en saison (avril ou mai), de bien les isoler (partition + couvre-cadre) et de les accompagner dans leur développement avec un nourrissement régulier.
A partir d’une colonie sur 8 cadres de couvain et en n’en laissant qu’un dans la colonie d’origine, il est ainsi possible de multiplier sont cheptel par 8. Les colonies ainsi constituées seront prêtes à faire du miel l’année suivante.
Voici quelques exemples de compositions possibles d'essaims selon la stratégie adoptée :
Stratégie 1
Stratégie 2
Réserves très faibles. Devra être particulièrement accompagné en nourrissement.
L’essaim doit-il être déplacé ? Il est préférable de déplacer les essaims sur un autre rucher à plus de 3 km afin d’éviter que les butineuses, en rentrant à la colonie d’origine, ne déclenchent du pillage et/ou dépeuplent l'essaim. Cette précaution est particulièrement importante en fin de saison, quand le manque de ressources mellifères dans l’environnement augmente les risques de pillage. En période de miellée et si vos essaims sont suffisamment pourvus en jeunes abeilles, le risque est plus faible. Si vous ne disposez pas d'un deuxième rucher, par précaution, vous pouvez déplacer la ruche d'origine de quelques mètres en changeant l'orientation de son entrée et mettre le ou les essaims à sa place. Les butineuses viendront ainsi renforcer les essaims et vous évitez le risque de pillage.
❻ Comment remérer et suivre le développement de mes essaims
Votre essaim est maintenant constitué ! Il va devoir se doter d’une nouvelle reine afin de devenir une colonie opérationnelle.
Pour cela différentes techniques s’offrent à vous avec des niveaux de complexité et des taux de réussite variables :
- Le remérage naturel,
- l’introduction d’une cellule J3,
- l’introduction d’une cellule J10,
- l’introduction d’une reine vierge,
- l’introduction d’une reine fécondée.
Pour le détail des techniques de remérage, référez-vous à mes autres fiches techniques.
Dans tous les cas, il est indispensable que l’essaim se sente bien orphelin avant de procéder au remérage. L’orphelinage peut prendre 24h après avoir séparé l’essaim de sa colonie d’origine.
Points de vigilance !
Le temps de remérage est variable selon la technique employée. Votre choix devra donc tenir compte de vos objectifs, de la période à laquelle vous faites vos essaims, et de la taille de vos essaims.
Les essaims que vous constituez ne sont pas autonome en terme d’alimentation jusqu’à accomplissement du remérage et du premier cycle de couvain. Une attention toute particulière aux provisions devra être apportée durant toute cette période. N’hésitez pas à compléter au sirop afin de les aider à se développer.